jeudi 29 novembre 2007

On rigole aussi....

Aujourd'hui, j'ai rigolé au travail comme jamais depuis que je suis dans le Trou.
Je dois en remercier mes chers collègues mais aussi une élève, une grande tragédienne que je nommerais donc, pour l'occasion, Miss Shakespeare.

En rentrant de la cantine, le pire moment de la journée (parfois je me dis que l'enfer doit ressembler à ça ; en tout cas si j'y vais ce sera mon châtiment !) ma collègue capte la Miss pour signer sa fiche de suivie. Elle me demande donc comment s'est comportée la demoiselle. Je réponds la vérité à savoir qu'elle n'a pas causé de grands problèmes mais a été assez pénible pour avoir une croix négative dans la fiche.

La Miss, vous l'aurez deviné s'énerve !

Moi je laisse ma pauvre collègue gérer l'ouragan et je m'en vais vaquer à mes occupations c'est-à-dire ma cigarette post-cantine.

Tout à coup, je vois surgir notre tragédienne suivie de 3 surveillants et de ma collègue. Elle se plante devant le portail et hurle qu'il faut la laisser sortir, elle se jette contre la grille, crie de plus en plus fort (j'ai d'ailleurs cru que ses cordes vocales n'y résisteraient pas...), jette son sac par dessus le portail (mais enfin nous ne sommes pas dans prison break). A force de menaces, de cajoleries, la petite bande réussit à ramener le fauve dans le bureau.

Moi curieuse et surtout pas concernée !!! je rentre rapidement assister à l'acte 2. Elle hurle toujours, se jette sur les chaises, s'empare du téléphone et appuie sur toutes les touches, se jette contre la porte.

Je m'interroge : pourquoi ne pas la libérer puisque la chère enfant n'a plus classe. Ce serait trop facile, elle a rendez-vous avec des personnes qui doivent l'aider. A priori, elle n'en veut pas et le crie encore plus fort.

Tout à coup, une brèche, elle s'engouffre et fonce vers la porte. Mais hélas, trop tard, les surveillants qui étaient restés dans le coin (c'est mieux que des gardes du corps) l'arrêtent en plein élan.

Les cris reprennent de plus belle. Pour vous donner un ordre d'idée, ce petit manège dure depuis 20 minutes et je dois tirer mon chapeau à ma collègue pour avoir su gérer la situation tout en gardant son calme et sans s'en prendre une.

Finalement, deus ex machina, la chef alertée par le tintamarre a débarqué de nul part pour emmener notre sauvageonne et a même réussi à la calmer !!! Bravo !!!

Nous, nous sommes réunis dans le bureau et on a évacué en se tordant de rire...

Néanmoins la question se pose : Devrait-on se munir de tranquillisants pour aller travailler ? :-)

mercredi 21 novembre 2007

Le but

Je voudrais rappeler ici le pourquoi du comment : pourquoi j'ai (nous) choisi ce métier, pourquoi je me lève tous les matins, pourquoi je me passe mes journées à répéter les mêmes choses, résoudre les mêmes embrouilles et empêcher les mêmes bagarres.

Le but donc c'est l'élève... qu'il devienne un adulte citoyen bien dans ses pompes avec famille, travail, un minimum de pouvoir d'achat, si c'est possible une maison et un chien. Dans la (ma) réalité, l'objectif c'est qu'ils ne se fassent pas tuer trop jeunes, qu'ils évitent la prison, qu'ils trouvent un petit boulot pépère où ils ne blesseront personne, qu'ils rafistolent un peu les cassures faites par leur famille.

Bref, tous les jours je me retrouve en face de gamins (ça il ne faut jamais l'oublier) brisés en mille morceaux par des parents monstrueux, par des conditions de vie sordides (genre 25 dans un 4 pièces !!! vive l'intimité et l'hygiène), par le racisme, etc etc. Et moi je suis là toute mignonne avec des parents présents, aimants et responsables, ma peau blanche, ma scolarité sans problème dans des établissements d'élite à leur expliquer ce qu'est la vie et comment ils doivent se comporter pour réussir !!!

Cependant la plus grande partie de mon blabla j'y crois vraiment et je pense que c'est pour ça que les gamins continuent de venir me voir, de rechercher mon aide, de m'écouter.

Bref, où voulais-je en venir... ?

Le but... c'est donc de les aider à avoir une vie d'adulte la plus épanouie possible mais c'est sans compter sur le monde extérieur, sur la réalité du terrain parce que mine de rien l'école c'est un cocon protecteur, pénible mais rassurant...
Ce matin, ma collègue aidait un élève à trouver un patron pour un apprentissage. Il avait déjà un rendez-vous, ne restait plus qu'à confirmer et là patatras nous, nos belles valeurs, nos belles paroles, ont volé en éclat.

En effet, la charmante patronne a au dernier moment voulu savoir de quelle couleur était le jeune homme.... vous devinez la suite... et oui c'est un black. Ah mais alors ça ne va pas être possible, ce n'est pas moi vous comprenez mais cela ferait fuir la clientèle !

Au programme du prochain cours, éducation civique :"Comment faire un procès dans les cas de discrimination à l'emploi"

vendredi 16 novembre 2007

La bêtise n'a pas d'âge

Mercredi, nous avons eu la visite d'un professionnel des percus qui donne des cours gratuits au centre social d'à côté. Le but était de faire de l'ouverture culturelle et de promouvoir cette nouvelle activité auprès de nos loustics.



Je suis restée et j'ai aimé... une bonne ambiance, un bon son et des gamins ravis. Le tout sans stress, sans préparation, juste 15 min de bonne humeur dans un quotidien rythmé par les cris, les larmes et la violence.



D'ailleurs, un de nos petits monstres qui n'a pas une vie facile et pas de vie sociale du tout a eu le déclic. Il a décidé d'aller s'inscrire et ça, croyez-moi c'est une grande victoire !



Mais alors, me direz-vous, si c'était si bien, pourquoi tu te plains ?



Comme souvent, le problème ne vient pas des gamins mais d'adultes bornés et puérils.



En effet, aujourd'hui, la chef me demande si j'ai vu le mot en salle des profs et comme je n'y vais que rarement voire contrainte et forcée (on sait quand on y rentre, jamais quand on en sort et surtout pas dans quel état...), elle m'a racontée.



Un de nos chers petits plaisantins adultes qui d'ailleurs n'avait pas assisté à l'évènement avait cru malin d'écrire un mot au tableau. Ce tableau, je le précise est visible par tous et sort donc de la sphère privée.

Voilà en quelques lignes la teneur du mot : Y aura-t-il une séance de rattrapage ? A quand les cours de langue du pays, ou de cuisine ? Comme ça on pourra vraiment se rapprocher de nos élèves ou même leur laisser la place....



Ah Ah Ah, qu'est-ce qu'on se marre !!!!!



Et c'est comme ça tous les jours....vivement la libération !